Comprendre les attentes des futures générations pour mieux penser les ajustements de l’organisation du monde du travail
La vertigineuse évolution technologique, économique et sociale des pays industrialisés de 1945 à nos jours ne cesse de révolutionner nos modes de vie. D’un point de vue sociologique, l’arrivée d’internet et la maitrise du mode de procréation dans les années 70 et 80 sont, entre autres, deux facteurs qui ont bouleversé nos codes et notre façon de penser. Tour à tour, les Baby-boomers, puis les générations X et Y assistent ainsi à la mutation de leur propre mode de fonctionnement et de leurs valeurs respectives. Toujours plus connectées, les dernières générations sont éduquées avec des principes qui s’appuient sur la négociation, l’adaptabilité et l’écoute. Elles sont à la base de réflexions, de questionnements et de remises en cause des relations humaines et des changements de comportements. Le monde professionnel n’échappe pas à cette évolution, et devra s’y adapter en prenant en compte la nécessité d’hybridation des lieux de travail puisque dès à présent, un constat s’impose : d’après des statistiques, le taux d’occupation des bureaux dans la région Île de France oscille entre 50 à 60% (source : JDN, Flore Saulnier pour Jones Lang Lasalle), alors que d’autres études ont démontré que 47 % des travailleurs nomades n’ont pas d’endroit pour se poser. Le secteur CHR s’intéresse donc également très fortement à ce sujet, proposant de plus en plus d’espaces mixtes détente/travail. Ces ajustements de l’organisation du monde professionnel, en adéquation avec les modes de vie et de consommation des générations 80 et 2000 seront les bienvenues. Mais quelles sont les principales attentes des futurs travailleurs ?
Besoin d’une approche plus collaborative : Parce que nous vivons dans une société ultra connectée, nous voyons apparaître les premières générations qui réclament (hors réseaux sociaux) plus de convivialité et de partage.
-Le coliving est un nouveau mode de colocation qui regroupe des lieux hybrides puisque l’on y vit et on y travaille à la fois. Une attente très forte qui réclame des espaces privés en plus des espaces communs : autant de lieux à ré-inventer…
-Le coworking n’en finit pas de se décliner. Il représente un réel enjeu pour demain, et donc un vrai business : De l’exemple de « WeWork » à Paris qui regroupe 20 000 mètres carrés d’espace professionnel, à la location en journée de son propre appartement à des freelancers, les solutions sont multiples…
–Après les « fab-labs », les « hackathons » et les « hacker-spaces » des Etats Unis, les « hackers-houses » sont des entreprises qui accueillent des ingénieurs, des designers, des développeurs et des business développeurs dont l’ambition est de créer leur propre startup. Leur espace professionnel est spécialement dédié à la créativité et à l’innovation…
Ces quelques exemples illustrent de nouveaux courants qui ont une répercussion sur la conception, l’organisation et le design des lieux de travail : on parle de partager des espaces adaptés à des tâches ou des missions, à différents moments de la journée, selon le besoin ponctuel de chacun.
Besoin d’adaptabilité : Les compromis bénéfiques sont au cœur des attentes et donc de la demande des jeunes travailleurs. Les aménagements sur la flexibilité du temps de travail, l’effacement des frontières maison / travail, la reconsidération du principe du salariat et du freelance, ou encore le fait de travailler à la tâche ou d’être missionné, sont tous des sujets qui demandent hybridation et modularité. Le fameux concept de l’open space avec une place non attribuée et des personnes interchangeables n’est plus plébiscité. La demande est au « Flex office » et à la personnalisation de petits espaces de travail adaptés. On développe donc du mobilier et des bureaux modulables accompagnés d’espaces de rangement sécurisés.
Besoin de durabilité : Les jeunes générations réclament une culture écoresponsable de l’entreprise. L’enjeu est sérieux car des études prouvent que certains choisissent de travailler en priorité dans une entreprise selon la mise en avant des valeurs de celles-ci.
Besoin de plus d’écoute : Le vivre ensemble des générations Y et Z inclut également les générations antérieures, mais aussi l’accessibilité aux personnes handicapées. Nous devons être créatifs dans l’ajustabilité des produits et la conception des espaces. A Washington, Starbucks ouvre un café en langue des signes, alors que, par le biais de l’impression numérique 3D, Ikéa en Israël repense les meubles de sa gamme pour les personnes handicapées. Un énorme marché existe pour qui s’attachera à développer un design adapté ou adaptable à tous.